Quand Ego est en vadrouille, il s’égosille et tempère, le petit pauvre. Il plastronne mais remonte son
pouce jusqu’à ses joues comme un enfant. Il s’interroge et traîne
derrière lui un doudou en forme de chiffe. Il vitupère, mais se rêve pieds
dormant au fond d’une salle silencieuse, entouré de vapeurs, dans son complet
blanc. Ego s’altère, comme une prune noire, il tombe, sec dans les allées, grand paon de nuit qui tape les lampes, encore, encore, encore.
Ego ne s’enflamme pas.
Bats les lampes, bats des pieds,
bats la campagne, sors de tes gonds, sors du rang, sors du bois, Ego! Et jamais
ne lasse!
Ego fait la révolution, se glisse
dans les batailles, se range au milieu des piques, admire les contre-champs,
laisse les sabots guerriers envahir les frondaisons, mais se cache quand il
pleut, pleurniche quand des gouttes lui coulent le long du cou.
Pauvre petit Ego! Dissimule-toi
comme un repentir, petit nez rouge gonflé en trompette. Attends que l’autre te
visite ; je devine ton étonnement. Comme celui des chats qui découvrent
leur image pour la première fois.