samedi 19 mars 2016

SAINT-VALLIER

Narguant la mort derrière deux jambes gris bleu, comme la mer sous un écueil nargue le temps du repos, la Poésie s’endort derrière deux tubulures qui cisaillent le monde.
Tant que le soleil inonde l’espace confiné, qu’au loin on peut imaginer le sifflement aigu des rapaces, que l’air appelle, son corps fusionne avec sa présence, son cœur ne tressaute pas.
La Poésie s’exalte : « La joie circule, la déférence, la force, les entités abstraites dont nous sommes les véhicules, tout va bien, nous sommes sacrés!
Sacred Life! Sacred Life! Sacrums enrobés ! Sacred life! Jet des têtes dans l’existence ! Sacred Life! Blondeurs bienveillantes ! »
Hélas! Comme les peignit le plâtrier des bains-douches pontificaux, les émanations divines recourbent avec trop de nonchalance un index qui se voulait propice. Elles épatent la galerie mais leurs chairs grisâtres apparaissent brutalement pour ce qu’elles sont : la panse de bien rondes canailles, carnations rances qui prennent un velouté grasseyant mais luisent comme les délices d’une imposture complète, l’éclat d’une franche rigolade.
L’azur s’ébroue, des écailles tombent du ciel, la peau morte réapparaît. les arches, les arcades se font le repaire de toutes les disparitions accumulées, les ponts enjambent  une eau croupie, gonflée de souillures, boursouflée de remugles. La pâleur résonne, les résidus muets descendent, la lèpre rôde.

« Fais chier », se dit la poésie, mâchonnant sa clope mégotante. « Fait chier ».

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