jeudi 12 avril 2012
Épopée ardente
Inflexible, Anthénor braillait :
« Ne mets pas ton fils dans cette gueule, Alkinoos ! Ne laisse pas cette langue bleue l’envelopper! Ne laisse pas l’éther le rejoindre! Nous mènerons bataille, s’il le faut! Chaque pas de nos bottes marquera le sol !
Nous saurons où aller, même si le brouillard glacé tombe sur nos nuques.
Même si nos yeux chassieux se plient.
Même si le sang bave de nos lèvres.
Même si le froid givre l’intérieur de nos côtes.
Même si le Temps fait de nous deux scarabées morts et nous retourne comme des coquilles.
Que diras-tu aux Dieux si Agénor dessine une entaille sanglante dans le ciel ? Que nous sommes aux Jeux de Milet ou de Cumes ? Qu’il sort de la palestre épaules fumantes? Que ses bras déployés ont reçu la victoire et le babil des vierges ? Imbécile ! Nos os pourriront dans la plaine et feront le dédain des rats avant que ton rêve prenne un sens !»
Un chant s’élève pour les trois silhouettes que la nuit escamote. Scande la disparition. Le lendemain, à l’aube, deux soudards cassent les doigts blancs de l’aède. Le luth se détache.
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