samedi 28 avril 2012

Conte de bois


Le Petit Poucet aurait bien aimé retrouver Mère-Grand. Lové quelque part dans son ample col de laine, il aurait attendu, assis jambes pendantes comme au rebord d’une fenêtre ouverte, dans l’atmosphère fraîche de muguet.

Elle aurait été faite de bois brut, Mère-Grand, du bois dont Geppetto avait sculpté sa marionnette. Ç’aurait été une marionnette de taille, Mère-Grand. Une géante à l’odeur de copeaux, brun pastel, royale, enturbannée de bandeaux et promise au sacrifice de Carnaval.

En attendant qu’elle brûle, il aurait exploré le creux de son coude pour voir si ce promontoire n’était pas le meilleur d’entre tous. Mère-Grand se serait dandinée, colossale, dispersant au son des olifants les formes de son peuple. Cette vision l’eût enchanté...

Peut-être même que les trompettes à cornes et l’ondulation épaisse de la foule se seraient tues, arrêtées! Comme la mer Rouge, le flot des corps se serait fendu, et, dans le sillon de la statue, Poucet aurait retrouvé son chemin!

Ces pensées lui donnèrent soif ; la tête appuyée dans la paume de sa main gauche, il fixa un œil torve sur la bouteille qu’inclinait sa main droite. Gepetto, Poucet, la Géante, le Carnaval et les trompettes à cornes engloutis dans la vague luxuriante.

1 commentaire:

  1. conte pour enfants et adultes méli mélo pas hasardeux profusion d'images ,texte très visuel et chantant ,surabondance de sensations d'émotions
    débordement de l'imaginaire ,scotchée devant une telle facilité à écrire mais surement de l'entrainement ...ET du talent

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