vendredi 15 juin 2012

«Hiver»

Bois refluant dans l’hiver et les frimas. Mon Dieu! L'ursidé avait froid - comme saisi par sa triste histoire. On m’assurait que psychose n’avait pas lieu, mais elle rampait.

On l’avait connu plein de pitreries (comme dans les romans de Paasilinna), libre et alerte. Et voilà qu’aux détours de bains froids, bris de glace intempestifs à fin de quelques poissons inexistants - étiques et inexistants -  il tremblait.
Mélancolique, sa lourde tête « bilboquait » de gauche et de droite, contemplait de ses yeux tristes le lac chargé de brume, les étagements de vapeur flottant comme des parchemins gaufrés.
Cherchait-il une bouteille à demi entamée d’alcool pour suffir à son insatiable appétit de sucré? Un sandwich naufragé, rutilant  dans son étui? Tromper la pesanteur de sa masse, la sensation de sa vieillesse ?
Debout dans l’atmosphère humide, les pattes antérieures remontées sous ses épaules raccourcies, le ventre tendu de mauvaise provende, il fit entendre un fantastique rugissement. Le sol trembla. L’air fut envoûté.
Il avait arrondi sa patte droite. Un espace se dessina dans ce creux pour recevoir une créature. À croire qu’il venait ici, au bord de cette eau noire,  protester d’une mission imaginaire. Comme dans un conte, son dandinement rustique l’aurait amené sur la rive déposer un bambin sur le gravier à peine sec.
Plus il restait à humer sans conviction l’air matinal, plus le creux de sa patte droite appelait le contour d'une créature déposée. Où était le bambin à la peau blonde? Égaillé en clairière?







1 commentaire:

  1. Superbe! texte réjouissant malgré froidure et tristesse latente ...A déguster lentement en prenant son temps!

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