Rappelle-toi Saint-Cézaire! Les voitures en berne, garées sur les trottoirs cariés, morfondus de blanc céruléen! Cette alacrité échappée des gonfalons de poussière! Le Temps arrêté.
La vie elle-même, boursouflée de makrouts huileux, de poivrons froids, de couscous réchauffés au coin des cylindres! prenait une claque! Vlan! Une porte métallique calée dans sa rainure. Vlan! Les regards en toise, l'élégance aérienne d'une adolescente en sandales. Vlan! Les vantaux d'un camion assommant qui dégueulait ses palettes.
Tout était blanc. Blanches les plumes éparses des poules, élevées nulle part derrière les moellons crus. Blanche la peau des façades grêlées. Blanc le gravier sec.
Gainé dans sa grille, un ventilateur semblait encore indiquer des massacres. Mais le débarquement des bestiaux n'avait plus lieu, les quais ne luisaient plus du sang en flaques, de la pisse répandue. Ça sentait la bourre, comme dans un cimetière en friche.
Gainé dans sa grille, un ventilateur semblait encore indiquer des massacres. Mais le débarquement des bestiaux n'avait plus lieu, les quais ne luisaient plus du sang en flaques, de la pisse répandue. Ça sentait la bourre, comme dans un cimetière en friche.
Le soleil, écoeuré, illuminait ce pâté de hangars blanchâtres. Cette nourriture répugnante. Kaléidoscope saccagé à quoi il tournait le dos. Comme on jette un mauvais livre par-dessus l'épaule.
Pas une ruade dans ce dédale. Pas de maquignon gras doigtant ses biffetons dans des pinces crasseuses. Pas de poumon de vache pour les poètes. Pas de canasson. Pas une corne. Pas un écho de bras cassés, de sabots claquant contre les murs.
Dégoûté de cette humanité à quatre roues réfugiée dans ses murs, insaisissable, inconsistante, comme les vents secs, Phébus respirait ailleurs.
Phébus mourrait de soif.
Phébus s'était barré.
Il ne reviendrait pas.
Dégoûté de cette humanité à quatre roues réfugiée dans ses murs, insaisissable, inconsistante, comme les vents secs, Phébus respirait ailleurs.
Phébus mourrait de soif.
Phébus s'était barré.
Il ne reviendrait pas.
Texte qui prend le lecteur à la gorge...visuel sonore charnel magnifique! plaisir de lire relire
RépondreSupprimerArrêt sur image ville fantomatique air irrespirable
chaleur moiteur puanteur odeur de mort blancheur poussiéreuse oppressante ville figée réclusion volontaire des habitants véhicules à l'abandon rien de vivant modernité inhumaine
Que diable Apollon dieu de la beauté des arts de la lumière allait-il faire dans cette galère ?
Même les dieux se fourvoient parfois ..